Droit des données, RGPD Par le 12/07/2023 09:14

Le droit disciplinaire n’Ă©chappe pas au RGPD. Constitutif d’une mesure de sĂ©curitĂ© – la CNIL impose qu’il soit Ă©voquĂ© dans la charte informatique – ou d’un aveu de manquement Ă  l’article 32 (AEPD, 14 novembre 2022, Ministre rĂ©gional de la santĂ© de Madrid), il est Ă©galement « assujetti » au droit Ă  la protection des donnĂ©es. En tout cas pour des personnes autres que les magistrats, si l’on en croit la Cour administrative fĂ©dĂ©rale d’Autriche (BVwG, 5 avril 2023, n° W298 2252644-1).

L’APD italienne a rappelĂ© rĂ©cemment cet assujettissement Ă  l’ordre des chirurgiens de Rome, qui n’avait pas hĂ©sitĂ© Ă  annoncer, Ă  la tĂ©lĂ©vision et dans la presse, l’engagement de poursuites disciplinaires contre un de ses membres. Mieux, l’ordre n’Ă©tait pas en droit de commenter sa dĂ©cision, après que le praticien a lui-mĂŞme publiquement divulguĂ© la procĂ©dure (GPDP, 15 dĂ©cembre 2022, Ordre provincial des chirurgiens de Rome, n° 9855545). La dĂ©cision n’est pas franchement Ă©tonnante sur le fond. Toutefois, elle ne repose pas sur le principe d’intĂ©gritĂ© et de confidentialitĂ©, mais sur une absence de base juridique pour une telle forme de communication. A contrario, si une base juridique valable avait pu ĂŞtre retenue, une solution en sens contraire serait envisageable.

Dans un domaine proche, l’APD belge a, elle, jugĂ© que le principe de limitation de la conservation trouvait Ă  s’appliquer aux sanctions disciplinaires. LĂ  encore, la position semble logique. Ce qui est plus inattendu, c’est l’obligation faite Ă  la juridiction disciplinaire de rĂ©viser, au nom du principe d’exactitude, les sanctions prononcĂ©es Ă  l’aune d’une lĂ©gislation depuis rĂ©formĂ©e (APD belge, 16 juin 2023, Ordre des Pharmaciens, n° 77-2023). A quand une rĂ©vision par les chambres disciplinaires des diffĂ©rentes professions de santĂ©, suite Ă  la suppression des interdictions de publicitĂ©? Si l’on fait le parallèle avec un rĂ©cent arrĂŞt du Conseil d’Etat, refusant que l’exercice du droit Ă  l’effacement ne remette en cause les conclusions d’une autoritĂ© administrative dans un rapport public (CE, 30 juin 2023, n° 460269), l’issue reste très incertaine.